Abstract:
L’« ailleurs » constitue le thème primordial de notre étude des 23 albums des Aventures de Tintin d’Hergé. Le personnage principal Tintin se déplace à l’étranger dans des contrées exotiques, mystérieuses, voire dangereuses. Dans un premier lieu, nous avons vu une critique des menaces des grandes puissances politiques envers l’ensemble du tiers-monde et une certaine image ridiculisée de l’incapacité des autorités nationales et internationales. Ces satires de la politique intérieure et extérieure de l’État renvoient à l’avidité du pouvoir ainsi qu’à l’absurdité dans son fonctionnement. Dans un second lieu, nous avons constaté la moquerie de la société humaine. D’une part, les stéréotypes des peuples de race non occidentale et même des Occidentaux sont vivement critiqués. La représentation de l’Autre est tournée en dérision mais l’auteur se rachète plus tard en faisant une auto-satire de sa race. D’autre part, nous avons constaté la décadence morale de l’Occident, surtout celle qui est issue de l’avidité de l’argent et de la conquête de la gloire. L’auteur tente de nous montrer que dans le monde immoral, il est possible d’utiliser tous les moyens malhonnêtes pour atteindre tel ou tel objectif. Quant à la satire de l’« ailleurs » dans Les Aventures de Tintin, l’auteur s’appuie principalement sur le comique en utilisant les procédés de l’analogie implicite, de l’exagération, de la dégradation, de la surprise et de la « ligne claire » dans le contenu et l’illustration. Les procédés sont parfois utilisés en même temps dans le but de montrer des images grossières, voire exagérées pour souligner une envie incessante et les comportements drôles mais ridicules des hommes. Nous pouvons en conclure ainsi qu’il n’y a pas que l’humour innocente dans ces bandes dessinées mais également de la moquerie du monde humain à travers la satire.